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Si vous lisez ces lignes ici, déjà, votre vie ne vous appartient plus !

Anaïs, jeudi 0h40, vient de se connecter, via son smartphone, à son site web de partage d’écriture en ligne. Chaque soir elle vient y retrouver ses auteurs préférés et découvrir des petits nouveaux. Elle a été attirée par le titre « Si vous lisez ces lignes... ». Elle a posé le doigt dessus pour ouvrir le texte. Elle est troublée, comme si ce texte ne s’adressait qu’à elle, il décrivait sa journée, l’heure qu’elle avait fait sonner pour se réveiller , l’heure de sa douche, l’heure à laquelle elle a pris son bus, la ligne C. Il lui indiquait aussi le nombre d’emails non lus qu’elle avait à lire quand elle a ouvert sa messagerie au boulot, à la ferme des serveurs, le nombre de coups de fils passés (elle ne s’en souvenait plus mais ça devait correspondre). Il en déduisait aussi qu’elle était ce soir très fatiguée et elle avait donc annulé le rendez-vous avec Noémie pour se faire une toile à l’UGC de son quartier. Au fur et à mesure de sa lecture, les yeux de Léa se dilatent, une peur insidieuse s’infiltre au plus profond d’elle, comme l'ombre projetée dans sa chambre. Elle lâche son smartphone, soudain il lui brûle les doigts, l’écran s’éteint. — Non, mais reprends-toi Léa ! Ce n’est qu’un texte, une pure fiction, ta journée a été trop chargée, tu es fatiguée. Elle se sent, pour le moins, très troublée. Le smartphone est toujours au même endroit sur la table. Elle n’aurait pas dû annuler son rendez-vous avec sa meilleure amie. Une impulsion lui traverse l’esprit, elle doit l’appeler. Anaïs reprend le smartphone. Dès qu’elle pose la main dessus il s’illumine, elle n’avait pas quitté le site. Le texte s’affiche à nouveau la page s’est rafraîchie. Le texte continue. « Le portable de Noémie est déchargé, vous pouvez l’appeler pour vérifier, il n’y aura que le répondeur » Anaïs jette à nouveau son portable en hurlant, comme si un diable, lisant dans son esprit, habitait l'appareil. — Je deviens folle, ce n’est pas possible, ce texte ne peut pas s’adresser à moi, celui qui l’écrit ne peut pas connaître Noémie, il a su que je voulais l’appeler, c’est dingue ! Anaïs tremblante se dirige vers la salle de bain, elle cherche un cachet pour dormir et se calmer. — Je ne devrais pas travailler aussi tard, se dit-elle. Je fais des crises d’angoisses maintenant ! Au moment où elle porte le cachet à ses lèvres, le smartphone, vibre... Un appel, Noémie ? Elle décroche sans regarder. — Bonsoir Anaïs, je t’en supplie ne fait pas ça, tu ne pourras pas te lever demain matin, je n'ai pas envie de faire un job pour deux à la ferme des serveurs ! — Noémie ! Toi ! Mais comment sais-tu ? — Tu es si prévisible, j’ai vu que tu étais sur le réseau, tu ne répondais pas à mes messages, j’ai décidé de t’appeler. — Noémie dis-moi, je suis folle ? — Mais non ! Viens dormir chez moi, je passe de te chercher, je te prends en bas de ton immeuble. D’accord ? — Tu es une chouette fille, je m’habille j’arrive. Anaïs fébrile enfoui son smartphone dans la poche de son blouson, ferme sa porte à clef et descends dans le hall de l’immeuble. Noémie ne sera peut-être là pas tout de suite, elle doit pren

dre sa voiture. Anaïs ne pense pas qu’elle fasse une balade nocturne à pied. Mais elle aperçoit l’ombre d’une silhouette avec un ciré noir, ce ne peut qu’être Noémie, elle ouvre la porte du halll et se jette dans les bras tendus ouverts devant elle. Anaïs disparaît emportée par l'ombre qui lui tendait les bras. Ce n’est pas Noémie !

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