21h, José n'est pas fâché de quitter sont poste de travail au Data Center de Covilhã, en plein centre du Portugal à mi-chemin entre Lisbonne et Porto.
Il n'est pas originaire de la Ville, il est Lisboète. Depuis deux ans, la Capitale lui manque.
José s'arrête comme tous les soirs où il travaille de jour, au Bairro Alto Bar, face à la Grande Eglise toute décorée d'azulejos. Il y retrouve Rodrigo, le patron, lisboète comme lui. A eux deux c'est un peu l'ambiance de Lisbonne qui s'invite dans cette petite ville, musicos 3 fois par semaine, toutes les filles du coin s'y donnent RV.
Embauché comme surveillant, il en peut pas dire que le travail soit physiquement pénible, mais il demande beaucoup d'attention. Il fait défiler toutes les 5 minutes les caméras de surveillance des allées ou bourdonnent 24/24h les serveurs du Centre, si jamais il oublie de le faire une sirène lui vrille les oreilles.
Chaque fois il se demande si ce ne sont pas plutôt les machines qui le surveillent.Son esprit ne peut pas s'évader sous peine d'une douleur insupportable et surtout de perdre son job, vu le salaire qu'il encaisse chaque mois, il ne peut pas se le permettre, quatre fois le smic portugais. Il a le projet de revenir à Lisbonne avec Rodrigo pour monter leur bar.
Aussi quand il quitte le bâtiment du Data Center nouvellement géré par le Groupe Zaya, il se précipite chez Rodrigo mais seulement après s'être consciencieusement débadgé auprès d'une dizaine de portiques où il a été également filmé par les caméras qu'il contrôle de son bureau vidéo.
José est un accro d'instagram, comme il ne peut absolument pas emporter son smartphone au boulot, il s'est bâti un profil de "Ouf" pour attirer des nanas dans le bar de Rodrigo et jusqu'à maintenant ça ne marche pas trop mal.
Après le dernier portique José récupère son smartphone dans son casier personnel. Il le met sous tension pendant qu'il se change.
L'écran s'allume directement sur Insta.
Plusieurs messages perso sur son profil. José sourit, encore une bonne pêche pour ce soir pense-t-il.
Pressé de partir José enfile sa combinaison pour prendre sa moto et filer au bar le Barrio Alto. Il met la clef sur le contact, rien, pas de jus.
— He merde ! La batterie a rendu l'âme, c'est bien le moment, il y a 3 nouvelles filles sur qui m'attendent pour aller chez Rodrigo.
José quitte les gants et sort son smartphone de la poche poitrine de son blouson. Il va devoir se décommander cela ne l'amuse pas du tout.
Son écran Instagram est couvert de Notifications.
Il répond d'un coup aux filles à qui il avait données RV chez Rodrigo
— Desolé les filles je suis en rade de moto, je ne sais pas si je n'e vais pas être obligé de passer la nuit au Boulot.
— T'inquiètes José, c'est partie remise, tu me préviendras lui répond Noémie, une française qui est venue bossé à Lisbonne.
— T'as pas de bol José, j'espère que tu ne vas pas passer la nuit au boulot, courage, on se contacte demain, bises Marie Jo
Finalement elles ne le prennent pas mal se dit José.
Tiens, voila Natacha !
— Hé José où es-tu ? Je peux venir te chercher, tu ne vas pas passer la nuit au boulot ! Ton pote Rodrigo ne peux venir te chercher il a son bar.
— Je ne veux pas laisser ma Moto sur le Parking même si l'endroit est top secure, il n'est pas sous video surveillance, on ne sait jamais.
— J'ai un pickup avec une rampe je suis motarde aussi, je connais le problème.
— On est jamais venu me chercher à mon Job c'est pas trop recommandé !
— Chochotte, tu ne bosses pas dans imprimerie de billets de Banque, remarque ça pourrait m'intéresser !
José apprécie cet humour et puis c'est un coup de bol, il pourra recharger ou changer sa batterie ça lui évitera de payer un dépannage.
— Ok, je t'envoie les coordonnées GPS, tu restes à l'entrée on poussera la bécane sur la parking.
— J'arrive ça va aller vite.
T
Tout juste 10 mn plus tard le Pickup arrive, elle ne doit pas habiter loin, pense José, perso il met 20 mn en moto pour se rendre en Ville chez Rodrigo.
Il reconnait Natacha habillé comme sur ses posts, chevelure de Lionne, blonde, combinaison de cuir moulante, talons hyper haut , elle lui fait signe.
Bonne pioche se dit-il.
Il commence de pousser sa moto après l'avoir débrayée complètement, elle est lourde mais elle roule, Natacha vient de mettre sa main gantée sur la sienne.
— Merci Natacha, tu es une super Nana, je ne crois pas avoir un copain qui en aurait fait autant pour moi.
— Tu vois il n'y a pas que des midinettes sur Insta.
José n'a d'yeux que pour Natacha. Ils viennent de finir de hisser et d'attacher la moto à l'arrière du pickup. José s'installe sur le siège passager.
— On va chez toi ?
— Bien sûr, on va la descendre au garage ! José pense aussi qu'il monterait bien Natacha dans sa chambre.
— Tiens une cigarette, ça te détendra. Tu fumes je crois ?
— Oui tout juste ! Il ne se pose même pas la question de savoir pourquoi elle le sait, il ne se présente jamais sur ses posts avec une cigarette, l'image n'est pas top pour les filles.
Natacha se penche avec sa belle crinière pour allumer la cigarette de José. Elle met le contact et prend la route.
— ça va, tu es bien ?
— Au paradis, avec une motarde en plus. Un sourire se dessine sur le visage de José.
Il s'allonge aspire une longue bouffée, puis repose sa tête sur l'épaule de Natacha.
Complètement détendu, il s'endort la cigarette à la lèvre.
Natacha ralentit, lui retire le mégot, l'allonge sur la banquette.
Elle met le cap sur Lisbonne, direction aéroport.
Un appel se signale sur le tableau de bord. Elle décroche.
— Le bébé est bien endormi, vous pouvez confirmer le vol.
— Bravo Olga !