DOUZE HEURES AVANT LA CONFERENCE ... par Agathe
N'importe quel homme aurait été troublé par un tel spectacle... - Allons acheter de quoi vous habiller, vous ne pouvez pas diner dans cette tenue. Iliéna stoppa net sa progression au beau milieu de l’escalier et fit volte face, plantant ses grands yeux bleus dans le regard du jeune homme - Je me sens bien pourtant dans ce maillot. - Ne discute pas et fais ce qu’il te dit ma soeur, les humains ressentent des émotions qui se transmettent à leur corps de façon diverses semble t-il, Cet homme est ému de voir ton corps si proche, lui souffla cérébralement sa sœur Line, Tu n’as qu’à lui dire que tu as faim. Tu vas voir, il va sauter sur l’occasion. - J’ai faim, obéit immédiatement Iliéna. - Raison de plus pour vous vêtir correctement, rétorqua Julien soulagé, mais de plus en plus ahuri du comportement bizarre de cette fille. Et pour confirmer cette impression étrange, il sentit la petite main de l’Ukrainienne se glisser dans la sienne avec la confiance d’une gamine. Le soulagement avait été de courte durée…L’effleurement de la peau soyeuse contre son avant bras le fit tressaillir. Il fut bien en peine d’ajouter quoi que ce soit et se dirigea sans un mot vers le magasin de vêtements que lui avait indiqué le réceptionniste. - Hum !! Je vous laisse quelques minutes, je vais acheter des cigarettes, lui dit-il en lâchant les doigts fins. Iliéna comprit qu’elle devait acheter quelques vêtements pour la conférence du lendemain, et que de ce choix, dépendrait sa facilité à se fondre dans la peau d’une terrestre. Sur Leaurélia, on n’avait pas besoin de vêtements, ni pour se réchauffer, ni pour couvrir son corps. Celui des Leauréliennes était naturellement beau et la peau épaisse offrait l’avantage de s’adapter aux diverses températures. Dans la vitrine, une sorte de poupée grandeur nature arborait une magnifique robe bleue. On aurait dit une robe d’eau de mer. Iliéna sut qu’elle était pour elle et demanda à l’acheter. - Vous voulez l’essayer, ? Voyons quelle taille faites-vous donc, mademoiselle ? - Je suis moins grande que Réa, et Line est plus petite que moi, répondit tout de go Iliéna. La vendeuse se dit qu’elle était tombée sur une « azimutée » de plus, et après avoir évalué la taille de la jeune fille à un 38, elle lui tendit la robe azur en lui désignant une cabine. L’ukrainienne enfila la robe et se regarda dans le miroir. Ça lui faisait comme une seconde peau et mettait son nouveau corps en valeur. Elle s’aima immédiatement dans cette tenue. - Waouhh !! Wonderful ! - Cette robe vous va comme un gant, s’exclama la vendeuse. Ce n’était pas tous les jours qu’elle voyait ses tenues aussi bien portées. - Quelle drôle de façon de parler d’une robe en la comparant à un gant, se dit Iliéna, surprise de cette expression. - Avez vous besoin d'autre chose mademoiselle ? Des chaussures peut-être ? demanda la vendeuse - Non je vous remercie, je préfère rester pied-nus. - Laissez-moi vous offrir ces tongs blanches, la robe n’en sera que plus belle, sourit la commerçante devant tant de naïveté en lui glissant un sac, contenant le maillot et les chaussures. - Maintenant il te faut payer avec la carte bleue qui est dans ta pochette, lui indiqua Line grâce à leur connexion bionique. C’est le mode de paiement principal et moderne sur cette terre. Tu n’auras qu’à taper 6-5-5-0 sur le clavier de l’appareil. Aussitôt dit, aussitôt fait et Iliéna se retrouva face à Julien qui l’attendait à l’extérieur. - Vous êtes tout absolument… Magnifique… Iliéna. Lui dit Julien en déglutissant avec peine. La jeune femme éprouva une sensation de chaleur qui monta de son ventre à sa tête. Elle sentit son cœur s’accélérer. - Line ! Il y a quelque chose qui ne va pas avec l’interface d’Iliéna. Vérifie tout de suite les réglages s’il te plait ! ça m’inquiète. - Tu n’as aucune raison de t’inquiéter Lou. A travers le corps d’Iliéna, tu éprouves les émotions d’une humaine. C’est extrêmement intéressant et cela pourrait expliquer certaines histoires de cette planète qui m’ont été transmises. J’ai l’impression que nous ne sommes pas au bout de nos découvertes toi et moi, lui répondit sa soeur Le repas fut une épreuve pour la jeune fille, Le restaurant de l’hôtel servait du poisson uniquement, et Lou dans le corps d’Iliéna eut l’impression de manger ses amis marins. Elle parla peu et prétexta la fatigue pour quitter rapidement le restaurant. Deux minutes plus tard, la porte de leur chambre s’ouvrit sur la vision de deux lits recouverts d’un jeté de lit matelassé couleur vert d’eau. - Comme c’est joli ! s’exclama t-elle joyeusement, on dirait l’océan ! Le reste de la chambre était tout à fait ordinaire, un tableau mexicain au mur, et un rocking-chair en bois près de la baie vitrée. - Il est tard, nous ferions mieux de nous coucher rapidement si nous voulons être à l’heure pour la conférence demain matin. Je prends une douche rapide et je vous laisse la salle de bain, dit Julien, pressé de se réfugier dans la pièce d’à côté. Dix minutes plus tard, il émergeait d’une pièce emplie de buée, une serviette blanche autour des hanches. La vue de ce corps masculin, provoqua dans celui d’Iliéna, la même sensation que dans la galerie de l’hôtel Line ça recommence ! c’est même plus intense… - Le mieux est que tu ailles t’isoler toi aussi à côté. Tout va rentrer dans l’ordre, lui glissa Line Suivant les instructions de sa sœur, Lou la Leaurélienne ôta le maillot de bain de la peau d’iliéna la créature terrestre devant un Julien médusé, et partit à son tour dans la douche. Elle en sortit une demi-heure plus tard. La pièce était dans le noir complet. Le ronron de la climatisation couvrait la respiration ample du jeune homme, enfoui dans le lit étroit à un mètre du sien. En tâtonnant elle se glissa sous la couette de son propre lit. Elle s’endormit immédiatement, rêvant qu’elle voguait avec Méa, ses amis les dauphins…et Julien. http://www.tuxboard.com/valeria-lukyanova-la-barbie-russe/